Patrimoine

Demigny, ancien village viticole, se situe entre Chalon-sur-Saône et Beaune, à l’intersection de la route D.19 et de la D.62 et proche de Chagny. Il est constitué du Bourg et de lieu-dit tel Beauregard, Bois Bouton, La Chapelle et Tirechat. Une rivière la Dheune et un canal (creusé par les moines cisterciens) la petite Dheune s’écoulent au nord du village. Il est bordé, au sud, d’une grande forêt propice aux promenades…

L’église Saint-Martial du XVe siècle et le château, ancienne demeure de Théodore de Foudras, sont deux incontournables du patrimoine historique et culturel deminois.

L’église Saint Martial

Cette église a pris la place d’un tout petit sanctuaire des environs de l’an mil, ruiné par les guerres entre les rois de France et les ducs de Bourgogne et devenu trop petit pour un village de cette importance. Il était déjà dédié à Saint Martial, missionnaire envoyé de Rome au 4ème siècle pour évangéliser la région et devenu premier évêque de Limoges.

L’église actuelle a été édifiée entre 1460 et 1470, elle n’a ensuite subi aucune modification. Toute en conservant l’élégance gotique, les architectes de Demigny ont préféré créer une atmosphère recueillie en plaçant les voutes moins haut et en ouvrant dans les murs latéraux des fenêtres de taille modeste. Comme dans plusieurs églises voisines, cette sobriété « cistercienne » révèle aussi l’influence de Saint Bernard, ennemi de tout luxe inutile dans les édifices du culte chrétien.

L’église a été déclarée monument historique en 1946.

L’intérieur

Longue de 34 m et large de 14.5 m, l’église peut contenir environ 300 fidèles. Elle est orientée vers l’Est, c'est-à-dire vers le Christ, « soleil levant qui vient nous visiter ». Elle se compose d’une nef de quatre travées flanquées de bas-côtés simples de trois travées se terminant par une chapelle à chevet plat. La nef est prolongée par un avant-chœur plus étroit entre les gros murs-piliers qui soutiennent le clocher. Au-delà, le chœur retrouve la largeur de la nef et se termine par une abside à trois pans. L’ensemble est couvert de voûtes sur croisées d’ogives culminant à 9 m sous la clé. La légèreté de ce type de construction a permis de ne placer de part et d’autre de la nef que deux minces piliers très espacés qui n’en isolent pas les bas-côtés. On admirera l’élégante simplicité des nervures de la voûte qui n’aboutissent pas à des chapiteaux mais sont absorbées « en pénétration » dans les murs et dans les piliers.

Un beau décor du XVIIIe siècle

Dans cette église qui n’avait reçu aucun décor peint ni sculpté, un curé du 18e siècle a placé un mobilier de grande qualité qui s’harmonise de façon étonnante avec l’architecture du 15e siècle. 

Des lambris de chêne de style Louis XV couvrent les murs du chœur et de l’avant-chœur. L’autel majeur en marbre rose de Bourgogne et les deux crédences qui le flanquent sont de style Louis XV. La porte du tabernacle en cuivre doré repoussé est ornée du symbole de l’eucharistie. 

Les deux grilles de fer forgé (classées) datent de la même époque. Elles marquaient au cours des offices la distinction entre les laïcs de l’assistance et les clercs, comme entre ceux-ci et le célébrant.

La chaire a sa cuve ornée de bas-reliefs représentant le Christ bénissant et, de part et d’autre, les quatre évangélistes avec les symboles traditionnels qui les identifient (l'aigle pour St Jean, le lion pour St Marc, l'ange pour St Matthieu, le bœuf pour St Luc). Un grand crucifix en face de la chaire rappelle au prédicateur que le Christ doit être sa seule inspiration.

La chapelle de gauche (nord) est dédiée à St Martial dont la statue surmonte un autel du style de l’autel principal. La statue (classée) de St Antoine ermite, en pierre polychrome, est le seul objet du 15e siècle qui soit présent dans l’église. La chapelle de droite (sud), dédiée à la Sainte Vierge, a perdu son autel. La statue de Marie qui s’y trouvait est maintenant au fond de l’église, près du confessionnal. Elle a été remplacée par une statue de Notre Dame de Lourdes. 

On a transféré ici un autre des embellissements réalisés au 18e siècle : la cuve baptismale de marbre rose et son admirable couvercle de bois sculpté sur lequel on voit notamment l’image du baptême du Christ. Des rameaux d’olivier rappellent ceux de la colombe révélant à Noé la renaissance de la nature après le Déluge. Ils symbolisent la vie nouvelle qu’on reçoit en traversant les eaux du baptême. Le globe terrestre est enserré par un serpent représentant le mal, il est surmonté par la croix qui nous en libère.

Les vitraux 

Des vitraux ont été placés au 19e siècle dans les grandes fenêtres de style gothique flamboyant de la façade et de l’abside. Celui de la façade a dû être remplacé après 1945 car il avait été détruit lors des combats de la Libération. 

A l’abside, au centre, St Martial, patron de l’église, est placé entre Jeanne de Chantal, grande sainte bourguignonne fondatrice de l’ordre contemplatif de la Visitation et St Antoine, ermite. 

A droite, St Pierre, chef des apôtres et premier pape, porte les clés du Paradis que Jésus lui a confiées. 

A gauche, St Charles Borromée, évêque de Milan, un des artisans de la renaissance du catholicisme au 17e siècle, après le Concile de Trente.

En haut des bas-côtés, près des chapelles, les deux vitraux offerts par le Dr Variot, natif de Demigny, grand promoteur des progrès de la puériculture. On remarquera que l’enfant Jésus, blotti dans les bras de St Joseph, tourne son regard vers sa mère, la Vierge Marie, de l’autre côté de l’église.

La statuaire

A l'entrée du chœur, des statues représentent, St Joseph et le Sacré-Cœur (Jésus manifestant l’amour qu’il porte à l’humanité).

Sur les piliers de la nef, le St curé d’Ars, Ste Jeanne d’Arc, Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus et St Vincent, patron des vignerons (une corporation autrefois puissante à Demigny), reconnaissable à la grappe de raisins qu’il tient à côté de la palme symbolisant son martyre.

Le souvenir des morts de la guerre de 1914-1918 est rappelé par une plaque portant leurs noms au-dessus d’un autel latéral de marbre blanc et noir.

L’orgue

En 1901, onze familles de paroissiens ont offert à la paroisse un orgue du facteur nancéen Didier Van Caster, d’une dimension (12 jeux) et d’une qualité exceptionnelle pour une église de village. Cet instrument remarquable vient d’être l’objet d’une restauration complète ordonnée par la Municipalité. Sa bénédiction a eu lieu le dimanche 17 octobre 2010.

L’extérieur

Le clocher, très imposant, dresse sa flèche aiguë au-dessus d’une tour octogonale de deux étages. La noblesse de la façade est due à la disposition des ouvertures et au rythme des contreforts.

Les toits et les enduits extérieurs ont été récemment restaurés, avec les fondations, par la Municipalité.

Le Château de Demigny

Édifice seigneurial de la commune de Demigny, classé 1 écu, il domine le village depuis une colline.

La grille d’entrée et ses deux piliers, la façade nord et l’escalier intérieur à rampe en fer forgé sont inscrits monuments historiques le 9 décembre 1983. Toutes les façades et les toitures de ce château de style Directoire et des dépendances abritant le pressoir (et le pressoir lui-même), ainsi que le parc du château sont classés monuments historiques le 5 juin 2002.

Demeure du Marquis de Foudras puis d’Emile Guimet, le Domaine fut acheté en 1932 par Joseph et Camille Leflaive. Leur petite-fille Damarys en hérite en 1994 avec Pierre Boilard, son époux et père de leurs quatre enfants

Les bornes armoriées, des trésors bien cachés

La forêt recèle de trésors, en particulier des bornes armoriées*, dont deux sont classées monuments historiques. Au cours des travaux de restauration des circuits de randonnée conduits par “Entre nous, ça marche”, les bénévoles de l’association en ont mis au jour plus d’une centaine.

Les armes de la famille Esmonin de Dampierre : trois merlettes d’or, trois fers de lance d’argent.  

Demigny serait l’une des communes de France qui compterait le plus de bornes armoriées* sur son territoire, environ 400.

Si les bornes aux armoiries de l’abbaye de Maizières, de Guigone de Salins (fondatrice avec son mari, Nicolas Rolin, de l’Hôtel-Dieu de Beaune) et des Foudras (qui furent propriétaires du château de Demigny) sont en nombre, d’autres se font plus rares, comme celles gravées aux armes des Esmonin de Dampierre.

C’est Antoine III (1707- 1785) qui fit carrière dans les armes, qui a acquis des terres à Demigny. Une visite à Dijon permet de découvrir, rue de la Préfecture, l’hôtel particulier du XVIIIe siècle, construit par son fils, magistrat.

* Les bornes armoriées marquaient sous l’Ancien Régime les limites d’un territoire seigneurial ou ecclésiastique

Le chêne classé du Rondelot

Un autre monument vaut le détour et une visite. Il est certes moins connu mais tout aussi remarquable et exceptionnel. C’est le chêne classé du Rondelot. Impérial, l’arbre éclipse ses congénères par sa flamboyance. Il affiche une santé insolente, malgré son âge respectable. Son fût et son houppier sont en parfaite osmose. Il laisse son contemplateur baba d’admiration. (chêne Chenu)

Demigny, un passé viticole reconnu

Jusqu’à l’entre-deux-guerres, la vigne occupait la moitié de la surface agricole du village de cette zone de polyculture. Les vins de Demigny, issus des cépages traditionnels régionaux (Pinot noir pour les vins rouges, Chardonnay et Aligoté pour les vins blancs), étaient appréciés et vendus dans toute l’Europe. Dans les communs du Château, la présence d’un magnifique pressoir à roue en bois daté de 1777 et inscrit à l’inventaire des monuments historiques, vient souligner encore l’ancrage de cette culture.

Dans les années 50, la politique de remembrement incite les agriculteurs à agrandir leurs parcelles et à mécaniser leurs exploitations. Parce que la viticulture rapporte moins que d’autres cultures, une partie importante des vignes de Demigny est arrachée et remplacée par des arbres fruitiers, des cassissiers et des céréales. Avec l’intensification de ce mouvement, les quelques viticulteurs qui restent à Demigny élargissent leur gamme en reprenant des vignes, principalement dans les villages de la côte Chalonnaise.

En 2017, Le Domaine du Château replante 2 hectares en Chardonnay, sur la « Pièce derrière le Château » à Demigny.

Le domaine du Château de Demigny - Domaine du Château de Demigny (chateaudedemigny.com)